Tourguéniev (1818-1883) est un gentilhomme russe typique de sa génération : organiquement lié à sa terremais ennemi de toute « barbarie », héritier des privilèges de la meilleure aristocratie mais imprégné d’« idées sociales » et amoureux de la liberté. Son amour pour la cantatrice Pauline Viardot achève de faire de lui un Européen, le plus européen des écrivains russes. De la Russie, avec ses campagnes (sa steppe, ses forêts, ses paysans chaleureux, ses hobereaux dégénérés) et son élite (une élite de « Hamlets » bientôtrelayés par des « Don Quichotte » promis à devenir des « nihilistes »), son œuvre par instants prophétique offre un tableau détaillé, souvent cruel, mais savamment et merveilleusement unifié. (F. F.)